La malédiction des jeux-vidéos au cinéma

Nombreux sont les jeux-vidéos à avoir eu droit à leur version cinématographique, très rarement avec succès. Mais quelles sont, plus précisément, les raisons de cette "malédiction" ? Pourquoi une adaptation de jeu en film donne 9 fois sur 10 un résultat décevant, sinon médiocre ?

Écrit par le
Temps de lecture : 8 min

Nombreux sont les jeux-vidéos à avoir eu droit à leur version cinématographique, très rarement avec succès. Mais quelles sont, plus précisément, les raisons de cette "malédiction" ? Pourquoi une adaptation de jeu en film donne 9 fois sur 10 un résultat décevant, sinon médiocre ?

En décembre 2016 sortait en salles Assassin's Creed, tiré de la célèbre licence vidéoludique d'Ubisoft. Avec un accueil plutôt mitigé, le film s'en est tout de même relativement bien sorti, notamment grâce à un jeu d'acteurs correct et une certaine fidélité à l'univers de la saga. Malheureusement, c'est loin d'être le cas pour tous les films de ce genre. Mauvais réalisateur, mauvais acteurs, irrespect envers la communauté de gamers, références mal maîtrisées ou inexistantes (voire forcées pour ceux qui font au moins semblant), il y a beaucoup à dire sur la tonne d'échecs que nous offre le milieu ces dernières années.

Uwe Boll, celui qui s'accroche


Ce brave monsieur (prononcer "ouvé baule") ne parle peut-être pas à tout le monde, mais il est pourtant le roi, que dis-je l'empereur, des adaptations médiocres. Réalisateur allemand de son état, Uwe Boll s'est tout d'abord attelé à la réalisation de House of the Dead en 2003. Pour rappel, le jeu de base consiste en un "rail-shooter" à la première personne dans un univers de zombies, sorti sur bornes d'arcades. Inutile de dire que le film est un incroyable navet, ainsi qu'un échec commercial dès sa sortie. Grâce à un système de financement particulier en Allemagne, Uwe Boll a pu récupérer, à chaque fois, assez d'argent pour donner vie à toujours plus de monstruosités : Alone in the dark, Bloodrayne, Postal... Autant dire que si on ne connaît pas toujours son nom, on connaît son oeuvre. Ainsi, si on parle de malédiction, cet homme en est à 70% la cause. Mais ce n'est pas tout.



Jeu-vidéo et cinéma : deux arts pas forcément compatibles


De nos jours, nombreuses sont les personnes qui considèrent le monde vidéoludique comme un art, au même titre que la musique ou le cinéma. Et c'est justement ce que pensent avoir compris les têtes pensantes d'Hollywood : un nouveau terrain de jeu s'offre à eux, leur donnant au passage de nouvelles cibles que sont ces jeunes geeks, perdus dans leur monde virtuel. Seulement voilà, la communauté des joueurs n'est pas ce groupe d'attardés que s'imaginent ces décideurs du cinéma. Les joueurs de jeux-vidéos sont, à l'image de n'importe quel passionné, des personnes réfléchies, qui savent de quoi elles parlent et qui savent apprécier le travail fourni par un studio de développement. Casual gamers, campeurs de Call of Duty ou espions de Metal Gear Solid, chaque joueur a ses attentes, ses critères. Et il se trouve ainsi que n'importe quel jeu ne peut pas se transformer en n'importe quel film. Le jeu-vidéo est fait d'interactions proposées au joueur, qui est acteur de l'action, alors que le cinéma ne nous place que comme spectateurs. La question ne se pose donc même plus : un film Hitman est mauvais car on ne veut pas voir l'Agent 47 tuer des gens, mais on veut réfléchir nous-même, manette ou souris en main, à la façon dont on va commettre ces meurtres. Dans le cas de Assassin's Creed, la réalisation est assez maîtrisée pour qu'au moins on ne s'ennuie pas. Mais si l'on prend quelque chose d'aussi mauvais que le film Super Mario Bros, ça en devient risible. Le jeu n'a presque pas de scénario, et les éléments du décor sont là pour donner de l'instinct aux joueurs (les champignons donnent envie de rebondir dessus, les caisses donnent envie d'être cassées). Du fait, quand Rocky Morton a décidé de réaliser le film, il aurait dû se rappeler que personne n'a envie de voir Mario et Luigi courir après des Goombas mal faits et d'entendre une énième histoire de sauvetage de princesse. Mario est un jeu, très bien fait, et il doit le rester comme c'est le cas pour nombre d'oeuvres.

Adapter un jeu qui vaut déjà un film ?


Qui ne s'est jamais dit, en jouant à Uncharted ou The last of us, "ça ferait un super film !" ? C'est normal : le rythme de ce genre de jeu est pensé comme un film. Mais encore une fois, un film dont on est l'acteur principal. D'un côté, la réalisation est assez belle pour donner envie de suivre nos héros comme on le ferait au cinéma, et de l'autre, on ne "subit" pas leurs aventures, on les vit et on en est même la cause. Nous préférons voir un boss mourir après s'être battu contre lui, et non pas regarder le héros se battre. Certes, cela n'est vrai que lorsqu'on parle d'adaptation de jeu-vidéo en film : voir les Avengers affronter Loki est toujours plaisant, tout simplement parce que leur histoire a pour rôle d'être montrée. Et à l'inverse, voir Nathan Drake faire de l'escalade au cinéma serait frustrant, car c'est nous qui l'avons fait auparavant.

En bref, si les jeux-vidéos adaptés au cinéma sont souvent un échec, c'est tout simplement parce qu'on ne pas faire ce qu'on veut avec tous les domaines, aussi plaisants soient-ils. Ce n'est pas parce qu'on aime le ketchup et le chou-fleur que le mélange des deux donne un bon résultat. Même Silent Hill, considéré comme une bonne adaptation, garde ce petit côté "seulement passif" chez le spectateur. Espérons qu'un jour, une solution soit trouvée !


Cet article vous a plu ? Partagez-le avec vos amis


Notre sélection d’achats pour vous

Commentaires

comments powered by Disqus
PauseGeek.fr