IRL - Michael Myers (Halloween) et les mystères du cerveau humain…

Dans la saga Halloween, Michael Myers, c’est le personnage qui ne sourcille pas lorsqu’il se prend une balle ou qu’on le poignarde. Mais une telle résistance à la douleur est-elle possible ? Ou cela vient-il simplement de la suspension de l’incrédulité établie par le 7ème art ?

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Dans la saga Halloween, Michael Myers, c’est le personnage qui ne sourcille pas lorsqu’il se prend une balle ou qu’on le poignarde. Mais une telle résistance à la douleur est-elle possible ? Ou cela vient-il simplement de la suspension de l’incrédulité établie par le 7ème art ?

Bienvenue dans ce nouvel IRL, qui, cette fois, va tourner autour d’un thème de saison : Halloween. Alors, pour commencer cette semaine horrifique, je vous invite dans les méandres du cerveau et d’un sujet qui nous concerne tous : la douleur.

Image de Michael Myers, des films Halloween

La douleur est définie par la science comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel, ou décrite en termes d’un tel dommage ». C’est un message nerveux qui se répand du point de lésion (puisque l’on parle ici de cas de lésion, et non de douleur chronique) jusqu’au cerveau. Ce dernier traitera le message en réelle douleur (une sensation désagréable localisée), et on aura l’impression que cette dernière vient directement du point de lésion. De nombreux scientifiques ont, depuis longtemps, compris que nous avons tous une perception et une sensibilité de la douleur très différentes. Si vous en doutez, pensez -par exemple- à cette personne, dans votre lycée ou collège, qui se vantait de pouvoir éteindre un briquet avec ses doigts, alors que les vôtres étaient déjà douloureux à l’approche de la flamme…

Luke Cage sène dans le restaurant

Nous savons évidemment qu’il existe une maladie privant certaines personnes (moins de 100 cas recensés dans le monde) de douleur, appelée l’insensibilité congénitale à la douleur ou analgésie congénitale. Loin d’être un bienfait ou une utopie, pour elles, cette maladie les empêche de ressentir toute douleur physique, de la petite brûlure à la fracture osseuse. En effet, la douleur est un signal d’alerte nous signifiant que quelque chose ne va pas dans notre corps. Sans elle, nous pourrions marcher pendant des semaines sur un pied cassé sans nous en rendre compte, ou ne pas sentir qu’une maladie grave nous touche, et les conséquences sont, souvent, désastreuses.

Mais pour aujourd’hui, nous considérerons que Michael Myers (et tout autre héros de film qui est capable de se prendre une balle et de continuer à courir ou agir, d’ailleurs) est un être humain normal, atteint d’aucune pathologie génétique. Nous nous demanderons donc comment il peut résister à la douleur, et, surtout, comment le cerveau y réagit.

Charlie Cox, dans la série Daredevil - après un combat

Tout d’abord, il faut savoir que tout message douloureux doit passer au niveau de notre moelle épinière, là où se trouve ce qu’on appelle la « porte » de la douleur. Un modulateur essentiel qui, s’il est ouvert, diffusera un message douloureux de grande importance, et, s’il est à demi ouvert, laissera passer un message nettement moins important. En d’autres termes, plus la porte est ouverte, plus la douleur vous semble intense, plus elle est fermée, moins vous ressentez la douleur. Cette théorie du « gate control » a été établie en 1965 par Patrick Wall et Ronald Melzack. Cela peut, déjà, modifier notre sensibilité à la douleur, car cette porte n’est pas constamment ouverte ou fermée de la même manière. Cela peut varier selon notre âge, notre sexe, notre condition physique, mais aussi notre moral !

Entrainement de Arrow, dans la série The CW

Ensuite, on doit considérer le fait que, selon l’activité que nous pratiquons au moment d’une blessure, le cerveau recevra le message douloureux à petite ou grande intensité. En effet, il se trouve que notre corps peut secréter des hormones qui agissent comme des anti-douleurs naturels. Par exemple, les endorphines, qui sont émises par notre corps, mais également présentes dans la plupart des drogues. Ainsi, une personne sous l’emprise de stupéfiants sera moins sensible -voire insensible- à la douleur qu’une personne saine. Pour autant, cela ne l’empêchera pas d’être en danger, s’il s’est blessé gravement. Mais les endorphines sont aussi produites pendant l’effort physique, tout comme la sérotonine, la dopamine et… l’adrénaline ! De ce fait, une personne en train de faire son jogging ou de soulever des poids à la salle de musculation sera moins sensible à la douleur qu’une personne au repos, et pourra donc plus facilement repousser ses limites. Mais, de la même manière, on peut supposer qu’un soldat, un tueur en série (comme Myers) ou même une personne vivant un évènement exceptionnel, sera beaucoup moins sensible à la douleur, puisqu’en cas de situation extrême (ou pour le moins, stimulante émotionnellement et physiquement), son corps produira de l’adrénaline en masse, et celle-ci agira en tant qu’anti-douleur tout le long de l’action.

Captain America qui retient un hélicoptère

Enfin, de nombreux témoignages parlent de l’efficacité de la méditation sur la sensibilité à la douleur. Nous avons tous déjà entendu parler des « pouvoirs » de certains moines tibétains, capables de résister à des froids extrêmes, de ralentir leur rythme cardiaque au maximum, ou même de ne pas broncher face à de fortes douleurs. Mais si cela nous parait souvent être de pures légendes, il faut savoir qu’une réelle expérience a été menée au Wake Forest Baptist Medical Center, en Caroline du Nord, par le Dr Fadel Zeidan. Après avoir appris à quinze personnes saines une technique de méditation simple, nommée « focused attention » (qui consiste à se concentrer uniquement sur sa respiration pour laisser aller librement pensées et émotions), le médecin leur a fait passer un IRM et a noté que leur sensibilité à la douleur était passablement réduite, avec des baisses allant de 11 à 93%. Durant l’expérience, les patients ont également reçu une petite chaleur sur leur jambe droite (environ 48 degrés celsius). Le Dr Zeidan a alors noté une réduction de l’intensité de la douleur d’environ 40%, ainsi qu’une réduction du malaise généré par cette douleur d’environ 60%. Il a ainsi déclaré, à la fin de l’étude : « Il s’agit de la première étude parvenant à démontrer qu’un petit plus d’une heure de formation à la méditation peut réduire drastiquement l’effet de la douleur et son impact sur le cerveau. »

Finn Jones, dans la série Iron Fist

En somme, cela nous donne de bonnes explications sur sensibilité à la douleur, et de bonnes pistes de réflexion sur les facultés de notre cerveau. Mais, si cela ne garantit pas la cohérence de certaines scènes de cinéma où les personnages supportent des douleurs intenses -bien que cela leur donne un peu plus de crédit, à mon humble avis-, cela nous donne néanmoins un bon outil de compréhension de certains phénomènes physiques, qui sont parfois, tout à fait plausibles, voire réels !

J'espère que cet article vous a plu autant que le premier... Et de mon côté, je vous retrouve dans une semaine pour un autre IRL spécial Halloween !


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