Critique de Contracted

La plate-forme de streaming Netflix a mis en ligne cette semaine le film Contracted (et sa suite Contracted : Phase II). L’occasion de revenir sur cette péloche sans prétention sortie en 2013 qui vaut le détour. Explication (attention spoilers).

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La plate-forme de streaming Netflix a mis en ligne cette semaine le film Contracted (et sa suite Contracted : Phase II). L’occasion de revenir sur cette péloche sans prétention sortie en 2013 qui vaut le détour. Explication (attention spoilers).

Réalisé par Eric England, Contracted narre la décrépitude physique et sociale de Samantha (interprétée par Najarra Townsend) une jeune femme ordinaire déprimée par sa rupture avec sa petite amie (jouée par Katie Stegeman). Sa vie bascule lors d’une soirée arrosée au cours de laquelle elle est victime d’un viol. Les jours suivants, elle est l’objet de symptômes pour le moins inquiétants.

À contre-courant des infestations de masse, véritables poncifs du genre, le film raconte le quotidien d’une jeune femme qui se transforme lentement mais sûrement en zombie. En filmant au plus près l’intimité (au propre comme au figuré) de ce personnage, le réalisateur dresse un portrait de femme touchant, accablée par un mal qu’elle ne comprend pas. Elle, qui a déjà du mal à joindre les deux bouts, voit sa vie sociale se réduire comme peau de chagrin à mesure que son physique se dégrade.

Le film serait-il une métaphore du diktat de l’apparence dans nos sociétés contemporaines individualistes et narcissiques ? L’hypothèse est posée, le film rappelant à bien des égards le style d’un Cronenberg, distillant son propos dans une pellicule aux allures de série B non sans quelques traits d’humour.

En bon film de zombie, il contient son lot d’effets gores. Mais ici, leur impact est démultiplié par leur irruption choc dans la banalité du quotidien, elle-même soulignée par la mise en scène sans fioritures d’Eric England. Le film atteint d’ailleurs son paroxysme dans un final cronenbergien en diable où la chair se mêle à la putréfaction dans ce qui s’apparente à une vengeance contre le sexe prétendument fort, esclave de ses pulsions.

Une fois la transformation accomplie, l’héroïne achève son chemin de croix seule au milieu des embouteillages sous une belle journée ensoleillée. Elle n’est plus que décomposition, borborygmes et gestuelle saccadée.

C’est le jour d’une morte-vivante.


15/20
Les Plus
  • Une descente aux enfers impitoyables
  • Un personnage principal touchant
  • Les traits d’humour
Les moins
  • Une structure classique
  • Une mise en scène sobre, peut-être trop
Contracted est typiquement le bon petit film de genre qu’on n’attendait pas vraiment, à la fois drôle, touchant et non dénué de pertinence.
Thierry

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